Parmi les différents conflits qui peuvent survenir entre le président d’une association loi 1901 et son directeur salarié, les spécialistes du management identifient le conflit de territoire que j’aime bien appeler aussi conflit de compétence, en référence à la notion juridique.
En droit, on nous apprend que les conflits de compétence naissent lorsque deux autorités statuant souverainement ont compétence pour dire le droit sur une même question ; en général, elles statuent dans des directions opposées ou incompatibles.
Dans l’association 1901, ces conflits survient quand l’organisme (en fait l’assemblée générale) ne définit pas précisément les tenants et les aboutissants du projet associatif. Les personnes investies de pouvoir ne sont plus en mesure de distinguer ce qui relève du stratégique et de l’opérationnel. Tant sur le plan interne que vis-à-vis de l’extérieur, président et directeur fonctionnent sans concertation, ni répartition fixe des tâches de direction, en fonction de leur propres tropismes et de leur niveau d’engagement.
La situation donne à peu près cela :
Dans la situation représentée ci-dessus, on identifie les différentes tâches de direction par les triangles. En l’absence de règles du jeu, Président et directeur agissent et décident seuls des domaines similaires, voire même à propos d’un dossier identique. Dans cette situation, ceux qui agissent et qui décident pour l’association ne distinguent pas entre ce qui relève des orientations politiques fondamentales de l’association et ce qui concerne la conduite de ses chantiers (la gestion de son établissement) au quotidien. Les tropismes naturels -au Président la responsabilité des options stratégiques, au directeur la prise en charge de l’opérationnel- ne sont plus respectés.
Les occasions de se heurter deviennent alors nombreuses. On assiste à une occupation anarchique des domaines de compétence, directeur et président exerçant de manière arbitraire leurs prérogatives, cherchant à confisquer les aspects stratégiques pour s’assurer le contrôle de la structure. C’est ici que le conflit de territoires peut se transformer en conflit d’intérêt.
Ce dysfonctionnement résulte du fait que les différentes tâches requises pour le bon fonctionnement de la structure ne sont pas clairement identifiées ou qu’elles ne sont pas situées explicitement dans le champ de compétence exclusif de l’une ou de l’autre des parties en présence.
La seule définition d’une fiche de poste du directeur salarié n’est en général pas suffisante pour établir une règle du jeu. Le plus souvent cette fiche de poste énonce une liste de tâches et de fonctions mais elle n’est pas suffisante pour découper le domaine de compétence du directeur à l’intérieur du projet associatif.
La solution est représentée par ce schéma. Elle consiste à définir précisément les tâches relevant de la direction de l’association, tant sur le plan interne que vis-à-vis des tiers, et à les affecter rigoureusement aux parties en présence, en respectant les tropismes naturels des personnes et des fonctions.
Dans cette optique, les tâches principales revenant au Président sont de permettre la co-construction du projet associatif avec le directeur salarié et d’assurer le contrôle du bon déroulement des chantiers associatifs ou de la gestion de l’établissement ainsi que le respect de la contrainte budgétaire. L’exercice harmonieux des fonctions suppose également une circulation fluide de l’information.
Publié initialement le : 3 octobre 2008
Benjelloul says
Je vous félicite pour votre initiative en faveur des associations,des fois j’essai de m’y inspirer pour le cas d’associations au Maroc,actuellemen,t je travail sur un projet pour le renforcement des capacités des associations ,je vous demande si vous pouver m’orienter sur les thémes à proposer ,la démarche méthodologique et contenu des thèmes dans le cadre d’un programme de formation à déstination des associations aussi des sites etc
Merci
Benjelloul
Denis says
à ce sujet, le conflit larvé entre notre salarié et le Bureau débouche finalement sur la décision du salarié de se mettre en auto-entrepreneur, tout en conservant l'assoc pour des raisons stratégiques
sa solution est d'engager un salarié pour les tâches administratives lui étant "nécessaires" (forfaits d'activités, comptabilité, pub, organisation, etc), l'association continuant de gérer les tâches "secondaires" pour lui, surtout les lieux d'activité en fait que seule une assoc peut avoir dans d'autres structures associatives ou des municipalités pour un coût très bas
les adhérents resteraient membres de l'assoc tout en réglant leurs forfaits d'activités (chorales et guitare) à cet ex-salarié
ce montage – s'il était accepté par l'AG – est-il correct et légal ?
merci de vos réponses
CARO says
Bonjour,
A moins que je n’ai manqué un « post », en lisant le vôtre, il me vient 3/4 questions et 1 réflexion avant de pouvoir avancer sur le sujet:
Quelle est le but et la mission de l’association à ce jour? pour ne pas dire quel est son projet associatif?
Le but a t il été modifié du fait de la nouvelle organisation?
En fait il y a un certain changement, avez vous fait quelque chose (en interne?)
Un lien « contractuel » est possible entre l’auto-entreprise et l’association cependant il serait nécessaire de clarifier très précisément le rôle, la fonction, les missions, les enjeux de l’asso (de votre coté), et de l’auto-entreprise (de son coté) et enfin se poser et bien réfléchir sur l’inter-action consentie entre les 2 parties.
solene69 says
merci pour cette réflexion mon expérience est que la definition des tâches est effectivement très importante et doit etre explicitée en details en plus d’etre actee dans des fiches de poste, cependant j’ai pu observer que cela n’empeche pas les abus de pouvoir de type relationnel (mauvais traitements comme agression verbale, etc) ; on ne change pas la personnalite des gens , malheureusement (surtout s’ils sont agés, et n’ont plus toutes leurs capacités intellectuelles, ou s’ils ont par le passe occupé des fonctions de direction et croient qu’ils sont excellents a ce qu’ils font donc aucune remise en question de leur part, ou a l’inverse s’ils n’ont aucune experience de direction) – c’est fou ceque j’ai pu constate de souffrance des personnes meme dans des petites associations culturelles locales ou une presidente par exemple se prend la « grosse tete » apres un certain temps et maltraite tout le monde, a point de creer des consequences graves comme des depressions, etc
c’est affolant ce que j’ai pu voir comme crises et souffrances humaines dans certains groupes associatifs, c’est parfois pire que les familles disfonctionnelles ou alors s’en est le reflet : memes problematiques de rivalites, de besoin de reconnaissance, etc – derriere tout cela il y a le besoin d’etre aime, reconnu, d’etre vivant, d’exister – c’est une vraie psychanalyse de groupe qu’il faudrait dans certaines associations !!