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Baisse des financements publics du secteur associatif : sortir du déni

Face à la crise historique qui est en train de balayer nos vieux Etats-providence, le monde associatif est en première ligne. Présentes au plus près des populations, les associations mesurent toute la gravité de la situation. Elles ont aussi à affronter une autre lame de fond, la réduction des financements publics.

Une responsabilité historique

En ce moment, les associations tributaires de subventions publiques meurent par centaines, asphyxiées par la fermeture progressive du robinet à subventions. Il ne s’agit pas d’une crise passagère mais d’un véritable changement de paradigme, Pour cette raison, la responsabilité des instances représentatives du monde associatif est historique.

Tous ceux qui entendent s’adresser au secteur non lucratif doivent s’appliquer à combattre l’illusion que la solution au problème des associations gestionnaires réside dans une juste mais ferme négociation avec les pouvoirs publics. Les débats d’experts ou de techniciens à propos de la gestion financière et du management associatif (« il faut augmenter les fonds propres des associations ») sont également pour moi une perte de temps.

Le déploiement des vieilles tactiques comme le plaidoyer, le lobbying et la tentation du rapport de force est aussi parfaitement illusoire. En plaçant le débat sur un terrain revendicatif (« il faut défendre les budgets des associations », arguments à l’appui avec l’utilité collective et le lien social) ou se livrant à des incantations , on organise une sorte de déni de la réalité, on emmène les gens dans l’illusion que l’argent est là et qu’il suffit de le réclamer suffisamment fort (« mobilisons-nous »).

Tout cela ne sert qu’à retarder la nécessaire prise de conscience des acteurs concernés.

La fuite dans le militantisme et le juridisme

Face à l’inéluctable réduction du périmètre public, la fuite dans ce militantisme revendicatif me paraît criminelle. Il est urgent de prendre conscience de la contrainte financière qui pèse aujourd’hui sur l’Etat et les administrations, principaux pourvoyeurs de fonds des 200.000 associations gestionnaires, et d’accepter de considérer que la nouvelle lame de fond qui va prochainement balayer les finances publiques modifiera en profondeur le paysage associatif.

Toute aussi stérile est la réaction de ces collectifs militants d’associations fonctionnarisées qui sous couvert de défendre la liberté d’association se livrent en fait à un lobbying revendicatif, – quasi-syndical -, d’un autre âge. Il est vain de se réfugier dans l’argutie juridique en essayant de forcer le maintien d’un statu quo impossible, par l’imposition de normes redondantes ou artificielles comme la reconnaissance d’une nouvelle association d’intérêt général, l’inscription de la subvention dans la loi ou la possibilité reconnue pour les organismes sans but lucratif de dégager des excédents.

La mauvaise querelle sur les SSIEG et la transposition de la directive « services » est parfaitement stérile. Je trouve proprement scandaleux que les professionnels du monde associatif, aveuglés par la défense de leurs intérêts de classe, s’en servent pour occuper la scène avec un débat qui n’intéresse qu’une faible minorité d’associations, quelques organismes para-publics titulaires de budgets très significatifs.

Sortir du déni

Dans toutes ces associations, il ne sert à rien d’adopter un ton revendicatif ; il faut plutôt se préparer à changer de modèle en profondeur ou à disparaître.

Comme je l’ai suggéré à un autre endroit, ces associations dont les ressources reposent essentiellement sur les subventions doivent se préparer au désengagement imminent des collectivités territoriales de toutes leurs missions non-prioritaires.

Ce changement radical de régime n’épargnera personne, à commencer par les très nombreuses associations dont la valeur ajoutée produite est strictement proportionnelle à la quantité de fonds publics dépensée. Par ailleurs, la hiérarchie des priorités va s’imposer de manière plus précise : pour la plupart des associations culturelles, de défense des droits ou de prévention sanitaire et sociale (et bien d’autres encore), la question n’est plus de négocier la baisse du montant de la subvention annuelle mais plutôt « Comment survivre et rester source d’utilité sociale sans la contribution publique ? ».

Pour bon nombre d’associations tributaires de fonds publics, l’urgence est de sortir du déni et d’arrêter de considérer que « les choses vont rester comme avant« .