De partout les appels résonnent et nombreux sont les dirigeants bénévoles à me contacter sur ce blog pour partager leur désarroi.
L’actualité associative est essentiellement faite d’annonces de dépôts de bilan (ici l’exemple au hasard d’une association d’éducation populaire et d’insertion en banlieue parisienne). Nous avons déjà signalé que même les associations les plus importantes ou des structures partenaires des pouvoirs publics (ici des associations conduisant des mesures judiciaires) n’échappaient pas à cette terrible épidémie.
La (pourtant très correcte) CPCA relaye les manifestations d’inquiétudes et les appels au secours de pans entiers du secteur associatif : ici dans le domaine de la culture, là dans le secteur socio-culturel.
Récemment de nombreux secteurs associatifs ont pu constater une accélération brutale dans le désengagement financier de l’Etat, une tendance qui prévalait déjà depuis plusieurs années. Les discours des fonctionnaires et des politiques se veulent rassurants mais la réalité s’impose. La RGGP est passée, l’argent public est rare et il est alloué à d’autres priorités ; à force de décentraliser missions et compétences, les collectivités locales n’en peuvent plus et finissent elles-aussi par comprimer leurs budgets « associations ».
Partout ou presque, on constate baisse des crédits, réorganisation des services. Un exemple parmi d’autres : les associations de spectacle vivant ont été informées par un courrier-type de leur DRAC qui précisait clairement : « que le soutien à des manifestations musicales n’est plus une priorité de ma direction, qui, en application des orientations déterminées par le Ministère de la Culture et de la Communication, concentre son intervention en faveur des réseaux nationaux, constitués des scènes nationales et conventionnées. ».
C’est peut-être dans le domaine socio-culturel que le désengagement est le plus flagrant ; lisez l’appel des fédérations d’éducation populaire et celui de l’Agence Nationale pour la Cohésion Sociale qui s’occupe d’intégration.
Si l’on cherche des économies à réaliser, il va être facile de décimer le secteur associatif.
Les associations n’ont pas d’outil statistique pour mesurer leur mortalité (je parlais déjà ici de la grande misère statistique du secteur associatif français). Elles peuvent disparaître par milliers avant que la société civile en prenne conscience. Les associations n’ont pas non plus de représentation unitaire susceptible de faire contre-poids (à l’exception notable de la CPCA, qui se débat mais dont on mesure mal l’audience réelle auprès des pouvoirs publics).
Acegaa says
Bonjour,
En tant que conseillet dans un Point d’Appui aux associations, je constate, comme vous, une augmentation sensible des disparitions d’associations. Pour éviter que ces arrêts ne passent pas trop inaperçu, je conseille aux dirigeants de communiquer un maximum sur la fin de leurs activités, les responsables (souvent l’Etat mais pas toujours) et sur les besoins concrets qui ne seront plus assumés (fin du clsh, du soutien scolaire, etc..). L’esprit est que : il est peut-être trop tard pou sauver l’association, mais, quitte à disparaître, autant que çà se sache !!
Cordialement,
Daoud Belaroussi
Laurent Samuel says
Merci cher Daoud pour ce témoignage supplémentaire.
Et oui, le problème est bien que tout cela passe complètement inaperçu.
J’avais proposé pour rire un site où les associations pouvaient lancer leur champ du cygne, ici : http://restrictions1901.shoutem.com/
babeuh says
Ne serait-ce pas à nous les Responsables d’Asso, encore une fois, de créer nos propres outils d’évaluation et de communication ? Il doit sans doute déjà exister un observatoire de la Vie Associative, ou des chercheurs qui travaillent sur des statistiques…. mais qu’attend on pour créer une sorte de réseau national d’aide aux associations ?
Laurent Samuel says
Un réseau national d’entraide entre associations 1901, c’est bien le projet que je caresse et dont j’ai exposé les prémisses dans cet article au mois de février.
J’en profite pour donner quelques nouvelles de ce projet.
Comme je l’avais annoncé, j’ai teste (abondamment) un système de réseau social fonctionnant sous wordpress, Buddypress. Ici vous pouvez jeter un coup d’oeil à ce coup d’essai, un réseau « pour rire » autour de l’autarcie économique.
Le système est plutot fonctionnel mais il demande un certain investissement au départ. par ailleurs, le développement est encore en cours et la version pas totalement stabilisée; j’attends donc une version stable avant de me lancer. Encore que j’hésite à adopter un système clé en main, du type Ning, qui me débarasserait des aspects techniques et me permettrait de me concentrer sur l’animation du réseau.
Quelques lecteurs de ce blog ont déjà manifesté leur intérêt pour cette initiative. L’idée générale de ce réseau social des associations serait de fournir un moyen de mutualisation des ressources (quelles qu’elles soient) pour venir en aide aux associations en difficultés mais aussi dans une optique préventive.