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Affaire de la FFF : que faut-il en penser ?

Plus de quatre ans après la création de ce blog, au bout de presque 800 articles publiés, je fais une première entorse à un principe fondamental de ma déontologie éditoriale : je vais reprendre dans son intégralité un billet qui n’est pas de ma plume,  à propos de cette affaire de la Fédération Française de Football et de ce qu’il faut en penser en tant qu’observateur et acteur du monde associatif.

Pourquoi cette entorse ? (disclaimer)

Pour le compte d’un établissement public, j’interviens comme formateur auprès de hauts fonctionnaires détachés dans les fédérations sportives et au cours de ces travaux, nous abordons des aspects stratégiques et les modalités de la relation Etat-Fédérations. Il m’est de ce fait difficile d’un point de vue déontologique de communiquer à propos des Fédérations sportives et de dire tout haut ce que je pense de la gestion du sport amateur en France. D’où quelques fois une certaine frustration de ma part.

Pour cette raison, j’ai été très content de lire sous la plume de Monsieur Marie un article que je pourrais reprendre à mon compte dans chacune de ses phrases, une analyse que je partage sans aucune réserve et à laquelle je souscris totalement.

Bernard Marie est dirigeant de la Fondation du Bénévolat, que vous connaissez si vous êtes un habitué de ces colonnes, car nous y célébrons régulièrement la contribution fondamentale de la Fondation à l’intérêt général, contribution consistant à proposer aux bénévoles une assurance gratuite de responsabilité civile. Monsieur Marie est également un très bon connaisseur du sport en France et du bénévolat sportif, auxquels il a consacré une grande partie de sa vie.

Voici (avec son aimable autorisation) ce qu’il écrit aux abonnés à la lettre d’information de la Fondation :

LES EQUIPES DE FRANCE DE FOOTBALL COMPOSEES A L’ELYSEE ?

Le  « fiasco » de l’équipe de France de football, qui passionne depuis huit jours et pour encore huit jours la majorité des Français, ne doit pas être détourné de son objet ni devenir une affaire politique comme cela paraît être le cas lorsque l’on sait que le Conseil des ministres en a délibéré, qu’il a décidé d’organiser les Etats Généraux du football et que Madame Bachelot a reçu pour mission de tancer les présumés responsables, de financer un audit et peut être de composer à la place d’un sélectionneur les équipes de France à venir ainsi que de trouver des solutions que ne pourraient sans doute imaginer des bénévoles même si ceux-ci, comme dans le cas présent, ont œuvré avant ce fiasco pendant 30 ou 40 ans dans toutes les arcanes du football. L’on peut se demander si prochainement les responsables des Fédérations ou associations ne seront pas nommés par décret.

Je ne connais pas Monsieur Escalettes, ni les membres du Conseil d’Administration de la FFF, mais, ayant dans un autre sport eu à connaître des instances similaires, je peux attester que l’on ne peut parvenir à ce niveau de responsabilités seulement par intrigue ou sans avoir démontré tout au long de sa carrière de pratiquant et de dirigeant des qualités éminentes et des connaissances certaines reconnues par ses pairs. Je doute, quelles que soient leurs qualités par ailleurs, que des néophytes puissent faire mieux qu’eux.

Certes les fédérations n’agissent que par délégation des pouvoirs publics, ce qui peut permettre à ceux-ci de retirer leurs accréditations mais par qui les remplacer ? Et une telle mesure peut-elle être justifiée lorsque l’on sait que la FFF ne reçoit de l’Etat que moins de 2% de son budget alors qu’elle gère plus de deux millions de pratiquants.

Il ne faut pas oublier en effet que d’une manière générale le monde associatif  réel vit pratiquement sans l’aide de l’Etat et que tout en marquant à l’occasion beaucoup de considération pour les représentants de celui-ci, il n’oublie pas le peu d’aide qu’il en reçoit.

En dehors même de ces considérations, on a le droit de penser que l’Etat et ses responsables ont à notre époque des sujets de préoccupations beaucoup plus importants que de consacrer leur temps aux conséquences néfastes d’une rencontre sportive ou aux péripéties qui s’ensuivent.

Le sport et la politique n’ont jamais fait bon ménage. En son temps, Albert Ferrasse, Président de la FFR m’interdit d’arbitrage en France lorsque je devins député à l’Assemblée Nationale et cela me parut normal.

Mais de grâce, ne considérons pas surtout aujourd’hui, que les activités sportives sont autre chose qu’un jeu, un délassement, à la rigueur un spectacle ; et laissons associations ou fédérations vivre leurs vies suivant les dispositions légales applicables à tous les français même si, en tant que tels, nous nous trouvons parfois désabusés par les résultats obtenus.
Bernard Marie