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Entre "juridisme" et inconscience, le dirigeant sur le fil du rasoir

Je participais à une discussion sur un forum juridique à propos de la procédure d’exclusion d’un adhérent ; une association sportive menacée d’une action en justice pour avoir exclu l’un de ses membres sans respecter scrupuleusement les droits de la défense.

A l’issue d’une discussion juridique fort technique, je commets un petit commentaire pour souligner les prérogatives des dirigeants en matière de droit disciplinaire dans l’association. Je signale par la même occasion que l’exclusion d’un adhérent violent dont le comportement trouble manifestement le bon fonctionnement de la structure est une mesure de saine gestion, que les dirigeants ne doivent pas hésiter à envisager.
Que n’avais-je pas dit là ! Immédiatement je me fais taxer de coupable légèreté : mes idées seraient dangereuses et mèneraient à leur perte les dirigeants qui s’en inspireraient.

Cette gentille querelle me ramène à une typologie des dirigeants bénévoles qui m’est apparue en analysant l’échantillon des quelques centaines de dirigeants de petites et moyennes associations qu’il m’a été donné d’accompagner ou de former : le profil « légaliste » et le profil « inconscient ».

Le légaliste est atteint de « juridisme » galopant ; il est le gardien des tables de la loi en toutes circonstances. Féru de petites revues sur abonnement, il réplique à chaque idée, chaque initiative par une référence dans le J.O. ponctuée d’un sentencieux « nul n’est censé ignorer la Loi ». Avec lui, tout est très (trop) compliqué et il finit par ne plus se passer grand chose dans l’association, les conséquences juridiques du moindre événement étant toujours redoutables.

La sécurité procurée par cette vigilance juridique de tous les instants est quelques fois illusoire. Le fait de connaître les textes et de lire la jurisprudence n’a jamais fait de personne un juriste. Nos dirigeants atteints de juridisme sont en général des autodidactes : ils connaissent les règlementations par le menu détail mais n’ont souvent aucune idée des principes généraux du droit.

Il faut dire que ce « juridisme » n’est souvent qu’un faux-nez ; il s’agit en fait d’une façon de confisquer le pouvoir dans l’association. Certains dirigeants procèdent de la même manière avec la ressource financière. Chaque initiative de la base sera découragée avec des considérations d’ordre budgétaire (nous en reparlerons).

L’ « inconscient » est une espèce en voie de (lente, trop lente) disparition mais elle reste malgré tout représentée parmi les dirigeants bénévoles des petites structures.


Parce qu’il se veut homme (ou femme) de terrain, parce qu’il n’a pas le temps ou les ressources pour accéder aux informations, le dirigeant s’imagine que son univers associatif est soustrait aux règles et principes du Droit normalement applicables. On entend ainsi des énormités : parce que nous serions organisé en association Loi de 1901, nous n’aurions pas à acquitter les charges sociales sur les salaires, à nous enquérir des aspects fiscaux lorsque l’association développe des activités lucratives, à respecter les règlementations sectorielles lorsque l’association exerce un véritable métier (organisme de formation, agence de voyage, cours de danse, etc)…

Comment sortir de cette schizophrénie ? J’ai quelques idées là-dessus. Et vous ?