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Mutualisation entre associations : quelques conseils pour réussir

Depuis quelques années, la mutualisation des moyens entre associations est un concept qui fait fureur chez certains décideurs politiques et fonctionnaires en charge de la politique associative.

Il s’agit en fait de mettre en commun les différentes ressources que les communes (il s’agit d’elles le plus souvent) se voient réclamer par les associations actives sur leur territoire. Il y a bien là derrière l’idée d’économiser les fonds publics en partageant outils et ressources, mais aussi et surtout de gagner en efficacité et en rayonnement.

Dans mes pérégrinations, je constate que çà fonctionne souvent difficilement et que les résultats obtenus sont en général décevants par rapport aux objectifs visés, les associations rechignant à « jouer le jeu ». Pourquoi ?

Selon moi, deux types de difficultés pénalisent les démarches de mutualisation à l’échelle des communes : des maladresses de communication au moment de l’initiation du processus, des problèmes de fonds liés à la conception même de la démarche de mutualisation.

La mutualisation ne doit pas être une politique de restrictions qui ne dit pas son nom

Quand ils entendent parler de « mutualisation », la plupart des dirigeants associatifs dégainent leur revolver. Ils craignent que, sous couvert de synergies ou de partage plus équitable des moyens, on leur pique un animateur ou un créneau horaire dans la salle municipale. La mutualisation est effectivement trop souvent synonyme d’une réduction des moyens, dans le cadre de politiques (justifiées mais douloureuses) de maitrise du budget municipal.

Pour cette raison, je ne suis pas certain qu’il faille toujours claironner ubi et orbi que désormais l’heure est à la mutualisation (voir paragraphe ci-dessous « la mutualisation ne se décrète pas »). Il ne fait pas oublier que cette démarche n’est pas naturelle pour la plupart des associations qui sont habituées à travailler seules et sont très suspicieuses vis-à-vis de tout ce qui pourrait remettre en cause leur autonomie.

Par ailleurs, la mutualisation doit se traduire pour chaque association concernée par un progrès, une augmentation de son « confort » de fonctionnement. Les dirigeants doivent y voir des bénéfices clairs et nets, et non la perspective d’une réduction de leurs moyens ou de leur autonomie.

Par exemple, le fait d’échanger sa bonne vieille salle contre un accès illimité à la toute nouvelle Maison des Associations ne sera pas forcément vu comme un bénéfice par les bénévoles. En revanche, si dans cette Maison des Associations, ils peuvent accéder à une imprimante couleur ou aux services d’un chargé de communication pour les épauler dans leur « marketing », la proposition paraîtra plus alléchante.

Autre exemple, celui d’une petite municipalité décidant de soutenir matériellement et financièrement un festival de spectacle vivant inter-associations, alors qu’auparavant elle ne versait que de subventions symboliques à ces associations.

La mutualisation ne se décrète pas, c’est un état d’esprit qui se cultive (patiemment)

Trop souvent, à l’occasion d’une grand’messe associative ou du forum annuel, un élu décrète la mutualisation au détour de son traditionnel discours de célébration du dynamisme associatif. « Voilà, Mesdames, Messieurs les bénévoles, à partir de maintenant il va falloir apprendre à partager et s’habituer à faire ensemble ». S’ensuit en général un exposé brillant sur les vertus de ce « faire ensemble » que les associations sont invitées à mettre en pratique.

Et puis, et puis… plus rien. Jusqu’à la prochaine campagne d’octroi des subventions où la diminution générale des enveloppes ne devrait pas poser de problème « puisqu’on vous avait bien dit qu’il faut mutualiser ». Je caricature à peine.

L’exhortation à mutualiser est en général parfaitement stérile. La coopération entre structures et la recherche de synergies ne sont pas naturelles chez les associations de proximité ; au contraire, elles effraient. Devant une certaine inertie des structures, les élus et fonctionnaires peuvent être tentés d’imposer la démarche « par le haut », en court-circuitant la concertation et en imposant de nouveaux modes de fonctionnement . Ce modèle « top-down » fait peur aux associations qui y voient une tentative d’ingérence et sont promptes à dénoncer le « bureaucratisme » de leurs partenaires publics.

Une autre erreur consiste à penser que la politique de mutualisation va être portée par quelques « ambassadeurs », dirigeants de structures bien en vue et disposant d’une certaine reconnaissance ; on attend d’eux qu’ils créent une dynamique suffisante pour entrainer l’ensemble du tissu associatif local. Quelle que soit leur bonne volonté, ces missi dominici de la mutualisation seront suspects aux yeux de leurs pairs, soupçonnés d’annexionnisme ou de visées politiques.

En revanche, les expériences réussies de mutualisation auxquelles il m’a été donné d’assister venaient souvent de la base : elles émergeaient de manière assez spontanée des associations elles-mêmes qui s’étaient rencontrées et avaient trouvé intérêt à travailler ensemble.

Pour ces raisons, je considère que la tache prioritaire des équipes chargées de piloter ces processus consiste bien à favoriser le dialogue et la rencontre entre les structures, le plus souvent sur une base sectorielle. Par exemple, un forum des associations culturelles animé par l’adjoint à la culture et donnant une large place à la présentation des programmes des différentes associations peut être efficace pour faire émerger des synergies.

D’une manière plus générale, je pense que la réussite des processus de mutualisation est plutôt liée à un contexte porteur et favorable mis en place par les pouvoirs publics que par des projets collectifs qu’ils s’épuisent à impulser. Autre élément fondamental, les structures qui jouent le jeu doivent bénéficier d’une « plus-value » bien concrète.

Et vous, quelles expériences réussies ou ratées de mutualisation avez-vous à nous faire partager ?