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L’association à la sauce web 2.0 : un marché convoité mais pas forcément porteur

Nous vous parlons souvent dans ces colonnes du Web 2.0, une nouvelle étape dans l’internet, caractérisée par une plus grande accessibilité des contenus et des outils en ligne et aussi une meilleure implication de l’utilisateur dans la production et la circulation de ces contenus.

Pas un des secteurs socio-économiques qui ne paraisse impacté pas par ces nouveaux outils : on a vu poindre les concepts d’économie 2.0, d’entreprise 2.0, de banque 2.0, d’éducation 2.0. Tout est déclinable à la sauce 2.0 et notre bonne vieille association loi de 1901 n’échappe pas à la règle.

Je me reconnais une modeste responsabilité dans cette dynamique : dans une vieille chronique intitulée « web 2.0 et secteur associatif : de formidables opportunités« , j’avais déjà relevé les similitudes entre la démarche associative et certains aspects du paradigme web 2.0.

Concrètement l’association 2.0, c’est quoi ?

Essentiellement deux phénomènes qui touchent de manière inégale la population associative dans sa diversité :

1/De nouveaux outils pour communiquer et agir à destination de toutes les associations, quelles que soit leur taille ou leur activité.

2/Le développement du online fundraising (comprenez collecte de fonds en ligne) au profit des OGEP (comprenez les organismes faisant appel aux générosités)

De nouveaux outils pour toutes les associations

Le web 2.0 fourmille de ressources gratuites pour produire des contenus en ligne. Cela ne saurait laisser indifférent les associations qui peuvent chercher un outil idéal adapté à leurs besoins. Dans ces colonnes, nous faisons jour après jour la chronique de ces nouvelles ressources en ligne et gratuites.

Organisation interne du projet associatif ou des chantiers, communication avec les membres ou le public, recherche de notoriété, mise à disposition de contenus relatifs aux activités associatives, ressources logicielles open-source pour gérer la comptabilité ou les adhérents, de nombreux besoins de l’association 1901 peuvent être satisfaits, dans d’excellentes conditions, et souvent gratuitement avec les outils du web 2.0, à condition …

A condition de mettre un peu les mains dans le cambouis informatique. Et c’est là que le bât blesse. Les associations 1901 sont encore trop souvent victimes du fossé numérique. Pas étonnant quand on examine un peu la pyramide des âges des dirigeants bénévoles.

Culturellement le monde associatif est à la traîne pour la grande migration vers internet. Enfin pas toutes les associations, car il y a visiblement pas mal d’argent à récolter en ligne.

Le développement de la collecte de fonds en ligne

Le tsunami a marqué un changement profond des mentalités dans notre pays : les Français donnent et ils ne sont pas réticents à donner en ligne.

Un rapport de la Cour des comptes documente ce formidable bouleversement sociologique, lié à l’ouverture d’un nouveau territoire pour les ONG : la collecte de dons en ligne., soit directement, soit en parasitant des transactions numériques (recherche ou achat en ligne).

Ces démarches nous viennent naturellement des Zuesa où le charity business s’appuie sur une vieille tradition d’appel à la générosité du public, également liée au modalités du financement politique dans ce pays et à l’avance prise en matière de paiements en ligne.

Les ONG et les organismes faisant appel à la générosité du public ont vite compris l’enjeu et se font désormais conseiller par des spécialistes. Ces nouveaux leveurs de fonds sont rompus à toutes les techniques du marketing en ligne et ils se sont souvent formés dans des agence sde communication spécialisées sur l’internet.

Autre avatar de l’association 2.0, le moteur de recherche ou le comparateur de prix « solidaire » dont une partie des revenus est reversé à des causes généreuses. Les initiatives dans ce sens se multiplient (avec des rendements de collecte apparemment assez faibles) et nous en avons déjà parlé ici.

Le phantasme du don viral, le mythe de l’argent qui arrive sans effort : aujourd’hui cela donne le concept d’association 2.0, avec quelques fois l’idée sous-jacente et un peu naïve que l’on va résoudre le problème de financement du tiers secteur en créant de la valeur à partir de rien.

Il est symptomatique que le concept soit avant tout mis en avant par des prestataires de services et de solutions internet. Regardez ici le blog intitulé Association 2.0, sous-titré « les bonnes pratiques associatives sur internet » qui semble être une émanation d’une agence web.

A propos des outils solidaires et du don en ligne, deux limites apparaissent déjà :

La première pénalise les moteurs de recherche dits solidaires qui s’appuient sur le système Adsense de Google. Google est un prédateur (d’externalités) qui tolère mal le parasitisme : il faut comprendre qu’à terme les annonceurs seront naturellement réticents à l’utilisation des clics qu’ils rémunèrent pour des fins détournées, y compris les plus philanthropiques (Tous les détails de cette affaire ici).

La seconde est réglementaire ; elle concerne les exigences de l’appel à la générosité du public. Collecter des dons en ligne en respectant la réglementation suppose une certaine infrastructure qui n’est pas à la portée de tout le monde. Il serait dangereux de faire croire qu’avec le web 2.0, on met « la caisse sur le trottoir. » La Cour des Comptes a bien clairement manifesté son intention d’inclure dans son champ de contrôle les associations utilisant internet pour faire appel à la générosité du public. Le don en ligne a certainement un bel avenir mais l’essentiel des sommes récoltées ira aux quelques dizaines de grands acteurs de l’humanitaire et de la philanthropie qui sont rompus aux exigences réglementaires.