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Economie numérique : le Web 2.0 dans une logique associative

Certains vont dire que je vois de l’associatif partout et que je verse dans l’éthnocentrisme…

Pourtant quand j’observe ce qui se passe sur internet depuis quelques années, je ne peux pas m’empêcher de trouver que les valeurs du tiers secteur font leur chemin dans notre monde, tout particulièrement dans celui de l’économie numérique.

Je décrivais ce contexte à la fois technologique et sociologique dans ma chronique cet été sur enviedentreprendre :

Trois concepts me paraissent bien résumer la direction d’ensemble empruntée par le web depuis quelques années : la mise en commun, le partage et la création de lien social.

Pour illustrer ces thématique, je cite pêle-mêle : le P2P, la place prise désormais par les moteurs de recherche dans l’environnement des utilisateurs, l’essor des messageries instantanées et de la téléphonie IP, le grignotage du monopole de Microsoft par des solutions libres ou open-source (Linux et Firefox), l’explosion des forums, groupes de discussion et autres communautés virtuelles, l’émergence d’une blogosphère, l’apparition de véritables réseaux sociaux en ligne, l’essor d’E-bay, les outils collaboratifs comme Wikipédia et d’une manière générale le buissonnement du Web 2.0 autour de gadgets et d’outils visant à partager et à échanger.

Bref, une conjonction de phénomènes d’ordre économique, social ou technologique, dont le retentissement est différent mais qui contribuent tous ensemble à l’émergence d’un nouvel internet, une sphère dont le modèle économique repose sur la gratuité ou l’échange, se situant le plus souvent dans une logique non monétaire.

Il semble que tout le monde s’accorde sur ce constat.

Si l’on résume les choses, on voit bien les similitudes avec les valeurs associatives : engagement individuel, projet collectif, bénévolat, gratuité, échange et partage, proximité, création de lien social, toutes les valeurs du tiers secteur sont ici convoquées au service de l’épanouissement personnel et social.

Sur Internet on voit en effet apparaître une multitude de communautés de personnes qui partagent de l’information, essentiellement des contenus multimédia (son et image) et des données personnelles (documents bureautiques, photos, CV, favoris, agenda, carnet d’adresse…)

Les membres de ces communautés y sont actifs. Leur niveau d’expertise technologique tendant à augmenter, ils sont de plus en plus partie prenante tant dans la production des informations que dans les processus de publication (blog, CMS libres) et d’échange (P2P, FTP). Ils deviennent eux-mêmes source de valeur dans une dynamique participative et démocratique.

Dans le même temps, l’infrastructure technologique est plus légère grâce à des technologies souples et accessibles (Javascript, AJAX, DHTML). Cela abaisse le point mort des firmes (en diminuant la contrainte de la rémunération du capital technique) et permet un autre partage de la valeur ajoutée. L’initiative individuelle ou celle d’un petit groupe parvient facilement à exister et trouver sa place sur le marché.

Aujourd’hui l’essentiel de la valeur économique est procuré sur le web par les utilisateurs eux-mêmes qui produisent, stockent et échangent une quantité croissante d’informations numériques grâce aux outils Web2.0. D’une manière générale, ces outils améliorent considérablement les facteurs de pertinence et d’accessibilité de l’information. En cela, ils permettent d’exploiter des réserves de valeur jusqu’à présent inédites (les trous structurels dans les réseaux, par exemple, ou bien la longue queue, chers à monsieur Pisani.

Ce nouveau modèle économique replace l’utilisateur au coeur du processus de création de valeur en lui donnant la parole, les moyens d’échanger et de partager une valeur qu’il crée de manière libre et autonome. Le partage et la mutualisation se substituent à l’échange monétisé. La firme et son infrastructure tendent à s’effacer au profit d’un circuit court permettant la gratuité.

Dans ce sens, des pans entiers de l’économie numérique (et non des moindres) parviennent aujourd’hui à échapper à la contrainte lucrative.

Lundi, dans ma chronique sur Enviedentreprendre, je développerai ce dossier en décrivant les modèles économiques imposés au marché par quelques grandes figures de l’internet comme e-bay, google ou wikipedia. Pour moi ces archétypes annoncent un modèle résolument associatif pour gouverner l’économie numérique.

Edit 21/10 : aujourd’hui le Monde titrait le Web 2.0, la révolution communautaire.