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Not2be et l’évaluation en ligne des enseignants : quand le geant 2.zero se prend les pieds dans le tapis…

J’ai déjà écrit ailleurs à propos de Not2be, un système d’évaluation en ligne des enseignants, sauce web 2.0, qui commence à générer un important buzz, avec des prises de positions assez tranchées, de part et d’autres.

Je reprends ce thème parce que je veux absolument prendre part à ce débat, me sentant concerné en tant qu’enseignant dans un établissement secondaire de RP, parent d’élèves au même endroit et citoyen français.

Je voudrais dire en préambule que je refuse à quiconque le droit de publier sur internet mon nom accompagné de l’adresse de l’endroit où je travaille, sous prétexte que je suis enseignant. En tant qu’enseignant, je n’accepte pas d’être assimilé à un simple préposé à une mission de service public, à l’instar d’un guichet ouvert au public ou d’un quelconque service de l’administration publique.

Sur le plan juridique, il faut considérer le service proposé par Not2be comme un vaste système automatisé de publication en ligne de données nominatives concernant des personnes physiques, des enseignants. Ces informations nominatives sont renseignées de manière anonyme par les utilisateurs/évaluateurs qui les accompagnent d’un jugement de valeur à propos des capacités professionnelles des enseignants répertoriés ; ensuite elles sont référencées par l’éditeur dans une base de données des établissements établie à l’échelle nationale. Les évaluateurs restent anonymes pour le public, ceux-ci n’étant identifiables que par la seule plate-forme. Par la magie de l’UGC, on obtient donc à une large banques de données nominatives, absolument publique et parfaitement non-contradictoire.

L’éditeur de ces informations assume à mon avis une lourde responsabilité. Publier en ligne la profession et le lieu de travail d’une personne privée suppose a minima son accord préalable. Je mets au défi n’importe qui de me soutenir le contraire. En théorie, cet éditeur devrait se donner les moyens de recueillir l’accord des personnes concernées avant de publier à leur propos la moindre information.

Not2be aura prétendre se donner les moyens de cesser immédiatement toute diffusion d’information en cas de notification d’un désaccord, l’entreprise ne pourra jamais effacer l’écho de l’information publiée dans le vaste web. Quand on voit la trace numérique laisser par un simple employé de banque, on comprend bien que toute assurance à ce sujet serait illusoire.

On reconnaît bien le contexte technologique propre au web 2.0 qui fait berceau à cette dérive, c’est celui des réseaux sociaux. Si Not2be ne mettait pas en cause les principaux fondamentaux des droits de la personne, ce serait certainement la killer-app du réseau social des enseignants ; le site aurait vocation à devenir leader sur son secteur. Le problème, c’est que les réseaux sociaux auxquels on adhère « à l’insu de son plein gré » cachent en général de mauvaises intentions.

Le système de Not2be organise l’anonymat de l’évaluation et ne permet pas d’installer un caractère contradictoire. Nous sommes en opposition fondamentale avec la personnalisation du rapport humain et l’interaction entre les personnes que requiert toute relation pédagogique.

Pour conclure, il faut souligner souligner la caractère particulièrement maladroit de cette initiative dans un climat de doute profond et d’interrogations existentielles chez les enseignants.

On aura intérêt à consulter les éléments de réflexion fournis par le blog ContreNote2be.

PS : si le titre de ce billet vous paraît énigmatique, découvrez ici qui est le géant 2.zéro.