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Conséquences possibles de la crise financière sur le secteur associatif

Alors que les experts se disputent encore sur l’ampleur de la crise financière, il pourrait paraître hasardeux d’essayer quelques hypothèses à propos de ses conséquences à terme sur le secteur associatif.

Pourtant, en simple observateur du terrain socio-économique, je vais essayer de lire un peu « dans ma boule de cristal », certainement de manière un peu naïve et idéaliste. Chacun peut en effet se demander quel nouveau contexte l’actualité économique et financière que nous connaissons ces jours-ci peut produire en France pour les associations 1901 ?

Traditionnellement, la croissance du budget global des associations est supérieure est celle du PIB. Pourtant on peut difficilement croire que les deux soient totalement déconnectés. La récession abordée par l’économie pèsera nécessairement sur les budgets associatifs.

Ménages et secteur public, principales sources de revenus des organismes à but non lucratif

Dans les secteur traditionnellement tributaires des recettes publiques (santé, action sociale, culture), la tendance au désengagement de l’Etat va s’en trouver renforcée par la période de disette budgétaire qui se profile pour les prochaines années. Face à la réduction drastique et inéluctable des interventions étatiques, les associations ne pourront pas se retourner vers la collectivités locales dont les capacités contributives seront désormais plus fortement contraintes par la restriction du crédit (sans parler des soucis de Dexia qui reste un créancier principal des collectivités locales françaises) et l’extension programmée de leurs compétences obligatoires.

Les associations tributaires des ménages et des particuliers seront également confrontées à la récession et à la contraction du pouvoir d’achat. Les services à la personne (sport et activités de loisirs, service à domicile, soutien scolaire) et autres dépenses réputées accessoires pourraient pâtir en premier lieu de cette conjoncture morose.

Sur le plan des financements, on peut supposer que le « credit crunch » qui va sévir dans les prochaines années touchera les associations, autant que tous les autres emprunteurs. Il pénalisera les associations gestionnaires d’équipements pour le financement de leurs investissements.

La crise de l’économie financière, un catalyseur pour le modèle associatif et l’ESS

Si la crise et ses conséquences funestes ne peuvent pas manquer d’atteindre le tiers secteur dans sa dimension économique, on peut à l’inverse se demander si une remise en cause du modèle libéral dominant ne peut pas profiter au mouvement associatif et à l’Economie Sociale et Solidaire.

Aujourd’hui, la confiscation du pouvoir par une élite soit disant éclairée est capable de faire vaciller l’économie mondiale. Bientôt, c’est à propos des questions écologiques ou biotechnologiques qu’on nous présentera une nouvelle facture démesurée. Et là encore une minorité aura été agissante, dans l’ombre, à la poursuite effrénée de ses égoïstes intérêts de court terme.

L’irresponsabilité de la filière agro-alimentaire nous a donné une catastrophe sanitaire sans précédent : la crise de la vache folle. On peut également citer les mensonges à propos du tabac et de l’amiante, du sang contaminé. Aujourd’hui, c’est la finance internationale. Demain, l’industrie nucléaire et ses déchets, les semenciers et leurs OGM, les laboratoires pharmaceutiques et leurs vaccins…

La logique du profit et l’arrogance des firmes multinationales n’ont plus de limites dans un environnement mondialisé et hyper-financiarisé. Face à ces défis sans précédent, on constate que la réponse politique n’est plus suffisante ; elle ne peut que constater les dégâts a posteriori et organiser la mutualisation forcée des conséquences catastrophiques.

Dès lors, c’est une réaction citoyenne et militante qui s’impose, en accord avec les valeurs humanistes de notre civilisation. Le mouvement associatif peut contribuer à la constitution d’un contrepouvoir citoyen pour compenser l’impuissance des Etats à réguler les Firmes multinationales.

Le troisième oeil

Les récents développements peuvent être l’occasion d’une prise de conscience. La réintégration forcée de la finance dans la sphère publique peut servir de déclic et de prélude à une réappropriation collective des objectifs et des moyens de la politique économique.

A cet égard, le modèle associatif a beaucoup à proposer. Dans de nombreux secteurs déjà (environnement, droits de l’homme, action sociale, activités économiques alternatives ou d’insertion), les associations 1901 -et pas seulement celles de l’Economie Sociale et Solidaire-conjuguent sur le terrain initiative collective et contrôle citoyen.

Face à la mondialisation et à l’irresponsabilité généralisée des experts et des politiques, les associations peuvent constituer un réel contre-pouvoir et servir de « troisième oeil » pour éviter de nouveaux dérapages, voire (on peut rêver) accompagner une réforme en profondeur de notre modèle de développement.

Les associations de défense, celles qui se chargent de surveiller et de protéger les intérêts des personnes dans le domaine des droits fondamentaux, de la santé, de l’éducation, des libertés individuelles, sont rompues à l’action collective et à la surveillance citoyenne. Elles doivent s’emparer de toutes les questions fondamentales de notre société et pas seulement des causes urgentes ou humanitaires. Sur le terrain, les associations de défense doivent renforcer leurs moyens de contrôle pour assurer la transparence des principaux choix politiques et industriels. Elles doivent véritablement jouer le rôle de lanceurs d’alerte.

Par ailleurs, l’Economie Sociale et Solidaire expérimente avec succès depuis plusieurs dizaines d’années des modèles économiques alternatifs. A travers des structures juridiques adaptées et la recherche d’une gouvernance de qualité, l’ESS propose des façons de produire et de consommer plus respectueuses des besoins fondamentaux des êtres humains. Il serait peut-être temps de commencer à s’en inspirer …