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Excédents financiers : en avoir ou pas, le dilemme des associations "riches"

Edit : article initialement publié le 10 octobre 2007 (mais qui conserve toute son actualité).

On parle en ce moment dans l’actualité de la décision du Conseil Général des Hauts de Seine de réduire les subventions de certaines associations caritatives qui affichent des trésoreries pléthoriques (ici par exemple sur le site du Nouvel Obs). L’affaire fait scandale et on y voit immédiatement un mauvais coup politique ; pourtant la réalité est plus complexe que cela.

J’ai déjà évoqué dans ces colonnes l’absurdité du processus de financement des associations. En voici un autre exemple, bien symptomatique du dialogue de sourds qui s’installe entre l’administration et les associations dès qu’il s’agit de financement.

Qu’en est-il exactement ? Je vais essayer de répondre à la lumière de ce que je constate au cours des formations que j’anime dans les collectivités territoriales à propos de ces questions.

Premier principe : l’association 1901 doit constituer des réserves -une épargne- comme tout organisme soumis à l’aléa économique. D’une manière générale, la solvabilité des associations est faible et leur horizon financier limité (j’en ai déjà parlé ici). Ceci s’explique par l’absence d’actionnaires prêt à doter la structure en fonds propres et par le recours traditionnellement faible du secteur associatif au crédit bancaire.

Ces réserves doivent être suffisantes pour garantir la pérennité de la structure à moyen terme et financer les projets pluriannuels comme les projets d’investissement. Il n’y a là que l’application des règles de saine gestion et les dirigeants agissent ainsi « en bon père de famille » comme il leur est demandé.

Second principe : la thésaurisation doit être organisée et transparente.

L’accumulation de réserves de solvabilité obéit à une stratégie. L’association (par l’intermédiaire de l’AG) et ses dirigeants doivent décider du niveau optimal de l’épargne à accumuler pour faire face aux risques et aux projets. Il s’agit là d’une tache difficile qui requiert des compétences financières, voire l’intervention de l’expert-comptable. Dans le monde de l’entreprise, on sait fixer le niveau optimal de la solvabilité et les banquiers sont habitués à « jauger » la solidité financière d’une structure. Ces concepts et outils sont transposables au monde associatif, quoi qu’on en dise.

L’accumulation d’une épargne au travers d’excédents financiers doit également être intégrée au projet associatif. Pour cela, le rôle de l’AG est déterminant. C’est l’assemblée qui doit décider du niveau des réserves à constituer, de leur affectation et de leur emploi, le cas échéant.

Troisième principe : L’association doit disposer d’un système d’information comptable fiable et rigoureux pour défendre sa politique de thésaurisation et inspirer confiance au dispensateur de subventions.
Trop souvent, la demande de subvention et son instruction ressemblent à une partie de cache-cache entre l’association et son financeur. De trop nombreuses associations disposent d’un système comptable sommaire et sont insuffisamment conseillées. Le recours à la comptabilité analytique et une meilleure connaissance des spécificités de la finance associative chez les experts-comptables sont à classer au rang des priorités.

Quatrième principe : L’examen du résultat de l’exercice et de la trésorerie disponible ne sont pas des critères suffisants pour décider qu’une association est « sur-financée ».
N’importe quel étudiant en première année de gestion sait que le résultat de l’exercice est un artefact comptable et que la trésorerie bilantielle exprime la liquidité de la structure à un instant T. Avant de décréter qu’une subvention est trop importante au regard des besoins réels de l’association, il faut se livrer à une analyse économique et financière complète.

Or il faut constater que les fonctionnaires instructeurs des dossiers sont encore très mal formés à la conduite de l’analyse financière des structures qu’ils accompagnent.

Si en tant que dirigeant associatif ou fonctionnaire dispensateur de subventions, vous vous sentez concerné par ces questions, contactez-moi pour prendre connaissance des formations et des accompagnements que je propose dans ce domaine.