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Le sport en France entre étatisation et privatisation, la recherche d’une troisième voie

Alain Loret est certainement parmi les meilleurs spécialistes de l’économie du sport en France ; il dirige à Rouen un master de marketing du sport professionnel ainsi que la Revue Européenne de management sportif.

Il publie aux Editions du Temps « le sport de la République » dans lequel il dénonce notre modèle de fonctionnement fédéral, hérité du début des années 60, où de Gaulle décidait de confier à aux fédérations une délégation de service public, dans le but avoué de relever le sport français de haut niveau.

Depuis, l’olympisme est devenu une affaire d’Etat, faisant de la France une exception au plan international.



Je n’ai pas encore lu le livre, mais voilà comment il voit les choses :

Nos dirigeants sportifs possèdent (…) une « culture de la subvention » qui, au plan des compétences de gestion qu’elle produit, semble bien éloignée de l’économie de marché dans laquelle baignent des structures sportives internationales.

Il est certain qu’à l’heure de la RGPP et dans un contexte de désengagement des pouvoirs publics, une trop forte dépendance envers les fonds publics constitue un grave handicap. Pourtant, à travailler avec des fonctionnaires détachés dans des (« petites » et moyennes) fédérations sportives, je ne la vois plus si présente, cette culture de la subvention.

Parmi mes interlocuteurs fonctionnaires, j’en rencontre souvent qui sont persuadés qu’il existe une troisième voie. Entre le modèle « est-allemand » reposant sur des fédérations para-publiques et le sport-business, il doit être possible de construire une alternative.

A mon sens, cette alternative suppose un changement de paradigme, conduisant à reconnaître la dualité de la pratique sportive et des modèles économiques qui en résulte.

Sport de haut niveau et pratique du plus grand nombre continuent de coexister à l’intérieur des structures fédérales. Etroitement liés (ce sont les performances du haut niveau qui tirent la pratique de masse et le nombre de licenciés), ils n’en obéissent pas moins à des modèles économiques différents. Enfermés dans le carcan de la loi de 1901, faisant cohabiter des dirigeants élus, notables du sport, avec des fonctionnaires détachés par le Ministère des Sports, le modèle fédéral paraît effectivement inadapté.

Autre conséquence nécessaire de ce changement de paradigme : le recentrage des interventions publiques sur l’intérêt général et la pratique du plus grand nombre.

Au sommet, le sport de haut niveau privilégie la recherche de visibilité et grève lourdement les finances fédérales pour une utilité collective très limitée. Pourtant c’est lui qui attire les partenaires privés et absorbe l’essentiel des subventions publiques. En bas de l’échelle, les associations sportives, dont certaines sont à la limite de l’indigence, continuent de jongler avec le bénévolat et les maigres soutiens dispensés par des collectivités territoriales à qui l’on demande de faire toujours plus.

Loin des podiums et des médailles, il faut un véritable service public du sport qui s’attache à développer la pratique sportive du plus grand nombre.