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Organiser les activités sous forme de projets : recherche de visibilité ou de lisibilité de l’action associative ?

Signalons un excellent article sur Domaine Public, un site suisse qui évoque -à propos des déboires financiers du SOS Racisme helvétique- l’envahissement du management associatif par le concept de projet.

Ah les sacrosaints projets! Ils fonctionnent comme les indispensables et providentiels éléments d’un système de survie et d’alimentation budgétaire des associations et des autres instances du tiers secteur, celui de l’économie sociale et solidaire. Car les sponsors, et aussi désormais les pouvoirs publics et les mécènes, préfèrent évidemment contribuer au financement d’activités visibles et positives plutôt que d’obscures structures administratives, pourtant nécessaires.

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Quand l’Etat se prend pour une entreprise et se comporte comme un sponsor, il en vient à confondre subvention et investissement, aide à fonds perdus et soutien financier accordé avec le ferme espoir d’un retour en termes de notoriété et d’image.

Tout l’article est excellent et on a peine à croire que le diagnostic est à ce point identique des deux côtés des Alpes. L’auteur reconnaît les vertus de la gestion de projet sur le plan du management associatif mais dénonce une dérive : la multiplication des projets conduirait à une course à la visibilité, dérive dont l’Etat-sponsor serait en fait le responsable.

Je partage la plupart des diagnostics et des prédictions de l’article, mais je pense qu’il fait ici un contresens. L’organisation de l’action associative sous forme de projets, de chantiers ou d’actions ne correspond pas principalement à un recherche de visibilité mais plutôt au souci de donner au projet associatif une plus grande lisibilité.

Pour les dirigeants, je préconise l’organisation sous forme de projets autonomes car elle dynamise le management comme nous l’expliquons dans notre guide pratique des associations 1901 :

Chaque activité mise en place dans l’association se définit dans un contexte déterminé, répond à des objectifs, peut se décliner de différentes manières et nécessite des moyens adaptés. Elle peut ainsi être envisagée comme un projet, porté par l’association mais disposant d’une existence autonome. Qu’il s’agisse d’activités récurrentes, qui se répètent chaque année, ou d’une nouvelle activité, les dirigeants auront intérêt chaque fois à considérer la chose d’un oeil neuf. Construire chaque activité de l’association comme un nouveau projet, c’est adopter un processus créatif, exclusif de tout laxisme ou amateurisme, mais aussi de toute routine.

Pour les dispensateurs de subvention, il est nécessaire désormais d’accompagner les associations 1901 pour ce qu’elles font et non plus seulement pour ce qu’elles sont. En France, cette distinction entre la subvention de fonctionnement et la subvention « projet » trouve un nouvel écho avec la LOLF qui impose de réfléchir à l’action publique et aux effets concrets des politiques. Cette nouvelle rigueur n’interdit d’ailleurs pas d’octroyer des subventions de fonctionnement, notamment lorsque l’association se constitue et qu’elle doit monter en charge progressivement ses activités.