En 2009, j’avais lancé un appel à témoignage auprès des 10.000 utilisateurs inscrits sur le portail Association1901.fr à propos des conflits internes dans les associations régies par la loi de 1901.
En quelques heures, plus d’une centaine de réponses était enregistrées, avec des témoignages édifiants et souvent poignants….
Des associations 1901 transformées en « enfer relationnel »
Rivalités de personnes, conflit de compétence, harcèlement, coups « fourrés », putsch et coups d’Etat, violation caractérisée des statuts, culte du secret, opacité, détournements en tous genres, licenciements abusifs, rien que des histoires plus dramatiques et pénibles les unes que les autres.
Ou j’ai du justifié tout et même aller consulter et suivre les conseil d’un avocat, à ce jour cela me vaut une dépression réactionnelle avec un suivi par un psychiatre
Dans un autre témoignage :
Il y a un an que cela dure avec des interventions de la police. Des plaintes ont été déposées à la gendarmerie.
A vous lire, l’association loi 1901, c’est vraiment l’enfer et on se demande ce que peuvent bien y trouver les 14 millions de bénévoles en France …
Faire la part des choses
Bien difficile de savoir si la conflictualité est plus importante dans le secteur associatif qu’ailleurs. Je crois qu’il faut faire la part des choses : tous les conflits se déroulant dans une association 1901 ne sont pas des conflits associatifs.
Les conflits du travail sont présents dans les associations comme dans les entreprises. Un bon tiers des témoignages recueillis concernent des conflits de ce genre. Actives essentiellement dans le secteur médico-social, les associations gestionnaires sont souvent employeurs d’un personnel nombreux, qui est confronté à un contexte professionnel exigeant ; il n’est donc pas anormal que les conflits du travail soient statistiquement aussi -voire plus- nombreux que dans le secteur marchand.
Malgré tout, une cause de conflits graves apparaît propre au monde associatif : c’est la cohabitation entre des dirigeants bénévoles et des managers salariés. Nous en avons déjà parlé dans différents articles (voir notre tag « Directeur salarié« ). Se terminant le plus souvent devant les Prud’hommes, ce genre de conflit est toujours perturbant pour l’association ; quelques fois il conduit même à la cessation d’activité.
Egos surdimensionnés, psychorigides et escrocs patentés
Une autre situation apparaît assez fréquemment dans les témoignages : les despotes de village. On doit regretter que l’association 1901 reste encore un véhicule privilégié pour faire prospérer en toute discrétion coteries et rentes de situation :
le Président et madame, utilisaient l’asso pour entretenir un certain niveau social auprès de leurs connaissances mais n’avaient que peu de temps à lui consacrer.
Ces personnes qui s’arrangent pour confisquer les pouvoirs et décourager toute initiative ne sont pas en général malhonnêtes, mais seulement préoccupées du maintien du status quo. Toutes leurs actions visent à préserver leur situation personnelle, qu’il s’agisse d’avantages matériels ou simplement d’une position sociale.
Les psychorigides du management associatif font sur les bénévoles l’effet d’une douche froide. Après quelques mois passés à prendre la mesure de la situation et à essayer d’envisager des ouvertures, les gens se découragent et finissent par aller voir ailleurs.
Sans parler des situations qui semblent relever carrément du droit pénal : travail dissimulé, harcèlement au travail, détournement de fonds, avantages indus ou non déclarés, etc….
Les dénouements
Très souvent, l’histoire se termine avec un déménagement ou le départ des personnes. De nombreux créateurs d’associations semblent être des transfuges d’une précédente structure, où les conflits et les affrontements faisaient rage.
Surprenant de constater à quel point les conflits semblent durer, jusqu’à ce que les uns jettent l’éponge, laissant aux autres le terrain libre. Au pays du combat des chefs, il doit sembler normal de laisser s’affronter les gens, la légitimité revenant au dernier sur le ring.
Quelques mentions également de la nomination d’un administrateur judiciaire, autre symptôme de l’incapacité de la structure à résoudre une situation devenue inextricable.
Il arrive aussi que l’association ne s’en relève pas :
ce genre de conflit fini toujours mal, l’association est d’ailleurs actuellement au bord de la dissolution.
Quelles causes et que faire ?
Je ne voudrais pas tomber dans le conseil en management « de comptoir » mais à lire vos histoires, quelques réflexions s’imposent à moi.
D’une manière générale, dans ces dossiers conflictuels, les statuts de l’association ne sont pas respectés. La confiscation du projet associatif et l’enfermement des dirigeants dans leur tour d’ivoire ne sont possibles qu’en s’affranchissant du texte fondateur de l’association qui organise ses buts et son fonctionnement interne.
De trop nombreux bénévoles me paraissent s’engager « à la légère », dans des structures dont ils n’ont pas préalablement vérifié la qualité de la gouvernance. Les associations « bananières » sont faciles à repérer ; les bénévoles doivent les fuir comme la peste, car il n’y a que du temps à y perdre (ou -plus grave- son équilibre psychologique !). Lors de votre adhésion, si on ne vous remets pas à votre première demande les statuts et le règlement intérieur (le cas échéant) de l’association, méfiez-vous…
Ensuite, je suis assez consterné de constater la résignation qui transparaît souvent dans vos témoignages. Si les salariés victimes de comportements abusifs disposent d’un recours avec les Prud’hommes, il semble que les bénévoles -simples membres ou dirigeants- confrontés à des situations anormales soient privés de tout moyen de réagir. Personnellement, j’ai vu pas mal de « tyrans domestiques » à l’œuvre dans les associations ; ils s’en tiraient bien tant que personne ne bronchait et que tacitement leurs agissements étaient acceptés par la communauté. Dès qu’un groupe s’organise pour contester le fonctionnement et réclamer plus de transparence, le status quo est rompu. Il pourra être nécessaire d’augmenter un peu la pression avec quelques courriers recommandés ou la menace de l’intervention des tribunaux. Souvent, ce sera suffisant pour convaincre les dirigeants despotiques de laisser la place.
Vous aussi, vous voulez témoigner
Si vous aussi, vous avez été témoin ou acteur d’un conflit dans une association, en tant que simple usager, bénévole, salarié ou dirigeant de cette structure, votre expérience est précieuse ; merci de nous consacrer quelques minutes pour raconter votre histoire.
Publié le : 24 juin 2009