Face à l’absence de critères pertinents pour évaluer la petite association de proximité, j’ai proposé le néologisme de « capital associatif« . Ce concept de management associatif décrit dans mon idée l’ensemble des actifs immatériels permettant à une association de bénévoles de produire une valeur ajoutée économique et sociale bien concrète.
Je vous propose de poursuivre cette réflexion en faisant un inventaire de ces actifs qui composent le capital associatif, l’élément le plus fondamental du patrimoine de tous les organismes à but non lucratif.
Nous avons déjà identifié (dans un précédent article) comme support du capital associatif l’engagement des bénévoles et la capacité de l’association à mobiliser une troupe (plus ou moins large) de personnes enthousiastes. En second lieu, nous avons identifié le savoir-faire et l’expérience acquis par l’association au travers de ses chantiers successifs. Il faut ajouter à cela le réseau de l’association et les outils internes dont elle a la maitrise.
L’engagement des bénévoles
Dans des structures qui ne disposent d’aucun budget significatif, le principal actif de l’association réside bien dans sa capacité à mobiliser les forces individuelles et canaliser l’énergie au service du projet associatif. Comme chacun le sait, cette mobilisation n’est jamais acquise de manière définitive et l’association doit entretenir ses effectifs dans la durée, en veillant au renouvellement régulier de ses troupes.
Dans la généralité des cas, la petite association de proximité est portée par un cercle restreint de personnes, voire une seule, qui consacre au projet associatif une bonne partie de son temps. Ces personnes sont celles également qui prennent les fonctions au bureau et s’assurent en dernier ressort que tout se passe correctement dans l’association. Elles sont quelques fois secondées par un second cercle, des personnes qui participent aux activités et sur lequel on peut compter ponctuellement.
Selon sa taille et son rayonnement, l’association sera en mesure de mobiliser une équipe de direction et un « second cercle » plus ou moins large. La stabilité des bénévoles dans leur engagement, l’ancienneté de leur appartenance à l’association, la nature des taches prises en charge seront également à prendre en considération pour mesurer le capital associatif.
Cette analyse fine des ressources humaines de l’association sera confortée par la valorisation comptable des contributions bénévoles. La possibilité donnée aux associations tenant des comptes de faire apparaître la « richesse » procurée par les bénévoles permettra de documenter la réalité de cet actif immatériel. Pour valoriser comptablement son bénévolat, l’association se dotera d’une méthode de comptabilisation du travail rigoureuse dont elle ne changera pas. Le coût fictif du travail des bénévoles sera évalué de manière raisonnable et repris dans la classe 8 du compte de résultat, pour neutraliser tout impact sur le résultat comptable de l’association.
Le savoir-faire acquis
Je suis toujours ébahi par l’efficacité opérationnelle de certaines petites associations. Avec trois bouts de ficelle, une poignée de bénévoles aussi dévoués que malins, de toutes petites structures arrivent à réaliser des merveilles, et tout cela au prix d’un budget qui relève de l’argent de poche d’un enfant de 10 ans…
Dès qu’elle accumule une certaine expérience, que ses bénévoles développent de véritables stratégies pour la réalisation des projets, l’association devient titulaire d’un savoir-faire ; elle développe une véritable une expertise autour de son objet associatif. Plus cet expertise est profonde, plus elle procure d’effet de levier : avec peu de choses, on réalise beaucoup.
Cette expertise est toutefois fragile, car liée aux personnes qui en sont les dépositaires. Il n’est pourtant pas difficile de formaliser le savoir-faire de l’association pour en assurer la conservation. Le savoir-faire de l’association constitue un actif immatériel d’une grande valeur, qui met en synergie l’expertise de ses bénévoles, ses moyens techniques et le réseau de partenaires qu’elle peut mobiliser. Trop peu d’associations se livrent à un examen critique de leurs réalisations. Trop rares sont aussi les structures qui acceptent de mettre par écrit leurs procédures et le bilan de leurs projets.
Il est possible de matérialiser le savoir-faire associatif de différentes manières. Pour la plupart des associations, la promulgation d’un règlement intérieur est un moyen adapté.
Le réseau
Qu’il s’agisse de son public (les personnes intéressées par les activités) ou de ses partenaires (publics et privés), l’association dispose toujours d’un carnet d’adresses plus ou moins étendu. Le réseau de l’association correspond donc à la fois à son public, sa « clientèle » (pour appliquer les concepts du secteur marchand) et l’ensemble de ses partenaires qui s’analysent comme des autant de ressources externes qu’il est possible de mobiliser.
Bien connu en droit commercial, la « clientèle » est un actif immatériel lié à la fréquentation régulière de l’association par des personnes fidélisées. On peut valoriser cet actif en actualisant sur une période de durée raisonnable le flux des revenus envisagés. On peut ainsi procéder par exemple pour les fédérations sportives dont le nombre d’adhérents et le prix de la cotisation permettent d’évaluer la tendance des recettes propres.
On comprend aisément que pour une association de spectacle vivant, la possibilité de mobiliser 500, 10.000 ou 50.000 spectateurs potentiels fait une grosse différence.
Les outils de l’association
Toutes les associations qui accumulent un peu d’expérience disposent également d’un « boit à outils » comprenant les ressources techniques ou matérielles mobilisables pour conduire les projets et assurer le fonctionnement au quotidien. Logiciels informatiques pour la tenue des comptes et l’encaissement des cotisations, équipement et petit matériel dans les associations de pratique, procédures et référentiels juridiques dans les associations de défense, site internet et identité numérique (présence sur les réseaux sociaux), la liste est illimitée tant les cas de figure sont différents.
Ces ressources participent également du capital associatif en ce qu’elles sont spécifiques à l’association, adaptées à ses activités et maitrisées par ses bénévoles.
Publié le : 26 septembre 2012
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