Via le blog de l’objet publicitaire, je découvre qu’à l’appui d’une campagne de collecte pour l’accès à l’eau potable, l’Organisation Mondiale de la Santé a choisi comme support de communication un verre (à boire).
Le verre reproduit l’image d’un enfant africain qui se déforme lorsqu’il est rempli d’eau : on a l’impression que l’enfant, maigre lorsque le verre est vide, grossit dès que celui-ci est plein.
Cela me rappelle les petits verres dans lesquels on vous sert le digestif dans certains restaurants.
Je ne sais pas ce que vous en pensez mais, pour ma part, je trouve cela déplacé, voire carrément de mauvais goût, le côté futile du gadget me semblant faire insulte aux personnes concernées.
Par ailleurs, le coût de cet objet ne peut pas être symbolique. Le budget alloué au fabricant d’objets publicitaires est autant d’argent qui n’ira pas aider les populations du Sud à accéder à l’eau potable.
On va peut-être dire que je suis ringard, que je manque de pragmatisme et que de toutes manières, je ne suis pas un professionnel du fundraising humanitaire, mais, encore une fois, je pense que tous les moyens ne sont pas bons pour soutenir une cause, aussi juste et urgente soit-elle.
A propos, pour tous les bénévoles engagés dans des projets de coopération à propos de l’eau, je vous signale un excellent Guide de la Coopération décentralisée, téléchargeable sur le site du Programme Solidarité Eau.
Bertrand says
C’est vrai que tout bien réfléchi, c’est assez sordide…
Conception, réalisation, force de ventes, marchandising… Autant d’échelons qui peuvent boire jusqu’à plus soif grâce à l’argent des donnations. N’y aurait-il pas quelque chose de pourri au royaume de l’OMS ?
Vincent says
Oui bizarre bizarre..
A chaque fois que moi je bois, l’enfant lui maigri..
Laurent Samuel says
@ vincent : bien vu. je n’avais pas remarqué cet aspect culpabilisant
Bertrand says
Mauvaise conscience ?
C’est donc des verres qui sont destinés à l’OMC !
Anne says
Cela me rappelle les courriers d’Handicap international, que j’ai continué de recevoir pendant deux ou trois ans après un don, envoyés du Cambodge, du Laos…et qui contenaient des mini-béquilles de trois centimètre de haut.
Résultat j’ai arrêté mes dons à cette association au profit d’autres.
Slim BEN HASSINE says
De bon ou de mauvais gout, cette action de communication aura un impact différent sur chacun d’entre nous.
Mais cette mini-problématique que ce verre suscite met l’accent sur un véritable problème. On sait que les associations ont de plus en plus tendance à prendre en compte les variables marketing.
Lorsqu’une association veut communiquer elle va donc faire appel à une agence de communication qui va lui remettre une recommandation stratégique. Le hic est que l’agence de communication chargée de remplir cette mission, n’est souvent pas spécialisée dans l’associatif.
Le succès de ces actions de communication est donc souvent aléatoire, et il ne faut donc pas s’étonner si le résultat est parfois déplacé, voir même de mauvais goût.
Parallèlement, ces actions marketing et les couts qu’elles engendrent peuvent être perçue comme illégitime face aux réels besoins en fond des associations.
Cependant il faut prendre en considération que le seul moyen de récolté plus de fond ou de susciter des prises de conscience du public est de communiquer. Dépenser pour récolter… l’équation n’est pas aussi rationnelle que ça. Seules les associations qui communiquent peuvent donc juger de la plus-value offerte par ce genre d’action.
Pour ma part, je trouve cette action de communication très discutable. La culpabilisation n’est pas un moyen de sensibiliser.
De plus l’instrumentalisation du verre, de son coté ludique, suscitant un certain amusement par le fait de faire -maigrir/grossir- l’enfant, réussit à cannibaliser le message de départ.
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Slim BEN HASSINE
http://www.blog-associations.com
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diouf saliou démanguy says
Sachant que les associations humanitaires parent souvent le plus souvent aux urgences, ne m’empêche pas de m’interroger sur le fait que ces associations n’agissent pas de manière plus vive sur les gouvernements du nord afin qu’ils libèrent les 30 000 000 000 de dollars requis pour éradiquer la faim et l’illettrisme au niveau planétaire. Je crois que le nord cherche à calmer sa conscience pour mieux dormir mais la volonté d’un changement réel dans les rapports qu’il entretient avec le sud n’est pas dans son programme. Nombre d’ONG ne sont-elles pas donc une manière de divertir les populations du sud qui sont à l’heure actuelle tout à fait capable de se sortir du sous développement? L’Africain que je suis est toujours mal à l’aise quand on lui parle d’humanitaire et d’ONG. C’est vous dire qu’il est grand temps que l’Afrique interroge les images de la Chine et de l’Inde tous debout sans tappage et qui font le respect sinon la peur de toutes les nations. Oh matières premières, oh égoïsme et guerres fratricides quand vous nous tenez!
C’est là, me semble-t-il, la seule et vraie question dés lors que les histoires de verre ne sont que diversion et ruse de la représentation de je ne sais quoi, devant les horreurs du mégamort imposé au quotidien des pays du sud.
Wa salam.