J’ai reçu un petit mot amical d’un fidèle et ancien lecteur de ce blog, qui me reprochait gentiment de donner dans ces colonnes un peu trop de place à mes expérimentations techniques à propos des réseaux sociaux et de céder par là à la mode ambiante de fessebouc et ses avatars.
Il est donc nécessaire que je vous expose un peu de mes motivations et mes objectifs dans ce dossier des réseaux sociaux. Je reprends au début.
Les trois défis aux associations de proximité
Le million (environ) de petites associations de membres, celles qui groupent quelques adhérents pour le partage d’activités de proximité, se trouve confronté à un triple défi : la mutation des vocations bénévoles, la pénurie de moyens et la baisse durable du pouvoir d’achat qui va accompagner la crise économique.
Point n’est besoin de revenir sur les trois facteurs de ce moment clé du secteur associatif. La “crise des vocations” a déjà été évoquée dans ces colonnes, c’est un phénomène déjà ancien qui reflète en réalité une modification sociologique profonde dans la nature de l’engagement des personnes et la dynamique associative. La réduction des moyens financiers date en gros d’une dizaine d’année ; elle s’explique principalement par la redistribution des cartes au niveau des pouvoirs publics, initiée par les grandes lois de décentralisation, précipitée lors de chaque période de rigueur économique et finalisée avec la Révision Générale des Politiques Publiques et le désengagement effectif de l’Etat de pans entiers de l’activité socio-économique.
C’est un monde associatif fragilisé qui entre dans ce contexte de crise, dont on nous dit qu’il dépassera l’entendement. Le challenge est donc de taille et on peut supposer que, si la situation continuait à se dégrader, de nombreuses associations tributaires de recettes financières (qu’il s’agisse de dons, d’adhésions ou de ventes de service) n’y survivraient pas.
Comment gagner le challenge ?
Pourtant les structures de la loi de 1901 disposent d’atouts évidents pour échapper à la tourmente, voire même contribuer à sortir le navire de la tempête (mais c’est une autre histoire). J’ai déjà disserté sur cette question (grosso modo, l’absence de recherche du profit, la dynamique du bénévolat, l’implantation au cœur du terrain et le modèle “bottom up” qu’expérimente les associations loi 1901 sont des avantages “concurrentiels” inestimables pour faire face à la crise).
Parce qu’elles reposent sur l’engagement volontaire et désintéressé de millions de personnes dynamiques et responsables, qu’elles échappent la plupart du temps aux contraintes du modèle marchand, les petites associations de proximité disposent des ressources fondamentales pour affronter quelques années de disette économique, voire accompagner un changement plus radical de paradigme.
A quelles conditions nos associations pourront-elles mobiliser leur potentiel au service de cette société bien malade ? La réponse est simple : il faudra partager plus intelligemment les ressources dont disposent les structures associatives, mutualiser les moyens, tous les moyens.
La mutualisation des ressources, une urgence pour les associations de proximité
Quels sont ces moyens, de quelles ressources s’agit-il, où se situent les priorités ?
Certainement pas l’argent, ces associations n’en ont jamais eu beaucoup ; leurs budgets financier restent toujours symboliques. Et finalement ces petites structures se retrouvent mieux loties que les associations partenaires des pouvoirs publics qui endurent une mutualisation au forceps, par le biais d’une réduction autoritaire des recettes publiques.
La principale ressource des petites association de proximité n’est pas l’argent mais bien l’engagement bénévole, notamment celui des animateurs et dirigeants, ceux qui pilotent l’action au quotidien.
C’est de ce côté là qu’il faut réfléchir en premier lieu. Mutualiser les compétence des bénévoles doit être une priorité, notamment celles des dirigeants associatifs, qui disposent de savoir-faire irremplaçables pour créer de l’utilité sociale.
En organisant les dirigeants associatifs en réseaux sur une base sectorielle ou de proximité, on favorise la création du lien social entre structures comparables ou animées des mêmes questionnements. La mise en réseau des dirigeants autorise l’échange d’informations et de pratiques, la création de services partagés, la formalisation de partenariat, la formulation d’une réponse commune aux attentes de la collectivité.
Voilà pourquoi je m’intéresse aux plate-formes de réseaux sociaux. Je pense qu’il s’agit d’un support idéal pour une démarche de mutualisation. La mise en relation directe, le partage d’outils de publication, la cartographie des centres d’intérêts et des préoccupations sont des sources de valeur ajoutée dans le travail associatif.
[…] La mutualisation, survie des petites associations 1901 From association1901.fr – Today, 11:00 AM […]