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Sarkozy et les associations : bilan médiocre

Je poursuis mes vagabondages estivaux en me risquant sur le terrain politique.

L’occasion m’en est donnée par la newsletter de la Fondation pour le Bénévolat (celle qui propose l’assurance gratuite de RC et dont j’avais raconté les déboires ici) où j’apprends que dans un discours du 11 août, le Président de la République a décidé de distinguer le monde associatif. En fait c’est plutôt ses dirigeants, à qui l’on offre une nouvelle sucette.

Cité par B. M., éditorialiste (et Président, je crois) de la Fondation du bénévolat (qui décerne également des « lauriers » du bénévolat) :

« Sensible au rôle essentiel du bénévolat, j’ai par ailleurs décidé de créer, à l’instar de la promotion du Travail, une promotion du Bénévolat associatif; et elle aura pour vocation de reconnaître et de récompenser les mérites des bénévoles, notamment dans le champ del’éducation, de la santé, de l’action sociale et de l’humanitaire. »

Voilà un hochet de plus, qui pour le coup ne bouleversera ni le statut du bénévole, ni l’économie du tiers secteur.

Décidément la place du monde associatif apparaît bien discrète dans le nouveau discours dominant. On ne sait si l’on doit le déplorer ou s’en réjouir. A y regarder de plus près, le bilan du tiers secteur est tout à la fois maigre et inquiétant sur le plan sectoriel après 15 mois de sarkozysme.

Les espoirs déçus du Grenelle

Les choses donnaient pourtant l’impression de bien commencer, avec le Grenelle de l’environnement. La large participation des associations à cette vaste concertation laissait augurer un nouveau regard sur le secteur associatif. En s’asseyant à la table des discussions, les associations se voyaient reconnues comme des partenaires légitimes de la réflexion et du travail.

Pourtant un an après, le dispositif apparaît un peu comme un bide et les associations participantes sont montrent souvent déçues des premiers résultats. Il en va ici comme des syndicats dans le domaine social, les partenaires institués ne sortent pas vraiment renforcés des discussions qu’ils mènent avec le pouvoir.

Oubliée par la réforme ?

Plus que la concertation, c’est la volonté d’une réforme rapide et drastique de l’action publique qui caractérise la nouvelle manière de gouverner. Le rapport Attali illustre bien à la fois la nature et l’intensité de cette logorrhée réformatrice. A l’époque, nous avions fait part de notre déception : sur 300 mesures évoquées, à peine une petite dizaine faisant référence aux associations 1901 et pour traduire une vision désespérément plate du tiers secteur, servile auxiliaire de la puissance publique.

Premier constat : le tsunami réformateur n’a pas touché (pour l’instant) de manière frontale le secteur associatif; On ne peut pas dire que la nomination de Bernard Laporte ou les grands chantiers présidentiels aient bouleversé notre tiers secteur. La principale mesure concerne l’extension du Chèque Emploi Associatif au seuil de 9 salariés. Je n’ai même pas trouvé nécessaire d’en parler dans ce blog, tellement la mesure, simple relèvement de seuil, me paraissait à la fois concerner une faible minorité de structure et également être dépourvue de toute portée réformatrice.

Pourtant on ne peut pas dire que rien n’ait bougé. Mais comme le Grenelle, le rapport Attali relève aussi d’un certaine gesticulation ; la vraie réforme, celle qui bouge les choses en profondeur, c’est la RGGP. Nous sommes souvent amenés à évoquer cet audit quasi militaire des pouvoirs publics et du fonctionnement administratif qui s’étend à l’Etat et à tout ses modes d’actions.

A se promener dans le paysage associatif, on découvre jour après jour de vastes plaines où résonnent seulement les plaintes et les angoisses des gestionnaires associatifs.

Le secteur associatif déstabilisé par la RGGP

Depuis plusieurs mois, quelques dizaines de consultants issus des meilleurs cabinets d’audit taillent d’une serpe acérée dans notre système administratif et soumettent au rasoir du contrôle de gestion les principales dépenses de l’Etat: les premières résultats apparaissent plutôt sanglants pour nos acteurs associatifs (comme une maladie grave, dont tous ne semblent pas mourir, mais que tous attrapent): culture, santé, action sociale

Première conséquence concrète de la RGPP pour les associations : une lettre de cadrage* du premier ministre (je crois) suspendant la conclusion de toutes les conventions pluriannuelles avec les associations, dans l’attente des résultats de la RGPP, quel que soit le secteur concerné.

Seconde conséquence : un renforcement des exigences réglementaires, la volonté pour tous les secteurs associatifs de conditionner les aides publiques à une culture du résultat et de l’efficacité dans la mise en oeuvre des moyens financiers, par exemple ici pour la Ville ou là pour la Culture.

C’est sur le plan sectoriel que le bilan semble pour l’instant le plus inquiétant. La culture par exemple fait l’objet de sa plus profonde réforme depuis Malraux (c’est moi qui calibre), à tel point que les médias se demandent s’il y a encore un Ministre de la Culture ? Le désengagement financier de l’Etat se combine à une vaste réorganisation des structures pour économiser les moyens humains et techniques déployés. Aujourd’hui, c’est tout un tissu dense de près de 200.000 petites et moyennes structures qui semble déstabilisé.

Peut être un secteur associatif à faire exception, la politique de la Ville par exemple ?

A voir. Le plan obtenu par Fadela Amara est jugé modeste, tant dans ses ambitions que dans les moyens engagés. Pourtant il semble que sur le front des conventions pluriannuelles, de véritables objectifs soient annoncés. Cela pourrait témoigner d’une salutaire prise de conscience des revendications du terrain et augurer d’un changement positif dans l’attitude des pouvoirs publics à l’égard des associations.

A suivre.

* Pour être tout à fait honnête, je n’ai pas trouvé trace de cette circulaire, seulement entendu parler par des fonctionnaires.