Parmi les 1.200.000 associations loi 1901 que l’on suppose être actives en France, la plupart sont des petites associations de membres, réunissant un groupe restreint de personnes qui partagent un peu (beaucoup pour certains) de leur temps.
Il s’agit d’associations de quartier (proximité géographique) proposant des activités et différentes formes de rencontre ou bien d’associations plus « affinitaires », réunissant les personnes autour d’une motivation partagée.
Un modèle radicalement alternatif
Depuis toujours, la petite association de proximité expérimente un modèle social radicalement différent, celui de la coopération gratuite et désintéressée au service d’un projet collectif. Ces associations qui ne reposent que sur l’engagement bénévole d’une poignée de volontaires disposent de ressources financières symboliques (2/3 des associations ont des budgets annuels inférieurs à 7 500 €).
Le modèle du bénévolat organisé et pragmatique confère aux petites associations à la fois force et souplesse. Dans un contexte de bouleversements économiques sévères, il s’analyse comme un avantage indéniable sur les autres types d’institutions sociales (groupements spontanés, associations employeurs, acteurs du secteur marchand, administrations) qui sont consommatrices de ressources financières (notamment de fonds publics) pour réaliser leur mission.
L’utilité sociale au plus près des gens
On peut estimer à 800.000 le nombre de ces associations en France. Grâce à elles, 10 millions de personnes en France expérimentent au quotidien ce mode de fonctionnement collectif porté par l’altruisme, à l’opposé de ces logiques mercantiles qui nous conduisent à notre perte.
Le réseau (virtuel) des associations de proximité est le formidable creuset d’une multitude d’expérimentations sociales et d’innombrables gestes de solidarité. Au plus près des populations, à chaque endroit où se déploie l’activité des bénévoles, on invente des manières de faire différentes, éloignées de toute considération économique.
Ici et maintenant, les petites associations tissent patiemment les fils ténus du lien social.
Acteurs incontournables de tout changement de société
A l’heure où certains appellent de leurs vœux un nouveau paradigme, on ne peut pas continuer à passer sous silence l’utilité collective et le savoir-faire des petites associations de proximité. Au travers de son enracinement local et de sa gestion désintéressée, la petite association de membres développe un modèle particulier qu’elle partage avec très peu d’institutions ou de pratiques sociales.
Dans le maillage étroit qu’elles constituent partout sur le territoire, ces petites associations de proximité sont autant de fabriques de lien social. A l’intérieur d’une zone de rayonnement réduite et totalement livrées à elles-mêmes, elles sont capables de produire une utilité sociale maximale, en consommant très peu d’argent.
Pourtant lorsque le terme « association loi 1901 » est évoqué quelque part, il s’agit toujours de désigner une grande ONG ou un organisme para-public fonctionnant avec l’argent du contribuable, rarement on parle de ces petites associations. Elles ne bénéficient non plus d’aucune présence significative dans les instances soi-disant représentatives du mouvement associatif (à l’exception peut-être des petites associations sportives intégrées au mouvement fédéral) ; dans les faits, personne ne ne soucie de leur devenir, individuel ou collectif.
Qu’en pensez-vous ?
jcoussea says
Je me reconnais totalement dans cet article : ma femme et moi avons créé en juillet dernier (et en nous appuyant sur les infos de ce site !) une association dédiée au tandem aidant/aidé ; elle se nomme « Temps d’Aime » (publication imminente de notre site http://www.tempsdaime.fr). Budget annuel prévisionnel : entre 3 500 et 4 000 €. Son siège social est notre domicile, nous en sommes les deux seuls membres, et pourtant le lien social qu’elle va générer est indéniable : avant même que nous ayons débuté réellement notre activité, car nous avons tous les deux un travail à côté donc peu de temps disponible, un tandem aidant/aidé nous a déjà sollicité et attend avec impatience que Temps d’Aime « ouvre » !
THERYCA says
Bonjour,
Merci, c’est une excellente idée de créer quelque chose à côté du monde associatif entrepreneurial.
Seulement, j’ai un problème avec « de proximité ». Cet ajout me semble être un handicap car il exclut toutes les associations qui essaient de travailler dans le monde numérique par exemple. Aider son voisin de palier n’est plus du tout obligatoire pour aider le monde. L’association loi 1901 est un outils magnifique pour faire vivre ses idées à travers le virtuel, ou l’invisible. Comme dans les associations de proximité, toute l’énergie fournie est bénévole, aucun chiffre d’affaires mais le résultat apparaîtra tôt ou tard, car les rêves deviennent réalité.
Donc si vous gardez « de proximité » parce que vous vous sentez exclus, vous excluez à votre tour et décréterez qu’on ne fait pas partie de votre groupe parce qu’on n’aide pas ses voisins.
S’il vous plaît, pensez à cela. Je suis présidente d’une association de deux personnes qui travaille pour toutes les femmes du monde qui vivent dans la soumission aux diktats des hommes, à la maison, au bureau, en politique, en affaires, etc. Mon association s’appelle « La Femme Architecte ».